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C’est son avis « Libérons les agriculteurs, laissons-les être compétitifs »

Selon Laurent Pahpy, analyste à l’Iref (1), il faut « libérer les agriculteurs du joug administratif français ». C’est le titre de son rapport, publié en février 2018, dans lequel il formule dix propositions pour rétablir la liberté d’entreprendre et la compétitivité de notre agriculture.

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Une spécificité française

L’agriculture française manque de compétitivité. Dans les années 1980, la France était le deuxième pays exportateur de produits agricoles. Elle est passée en sixième position, derrière l’Allemagne et les Pays-Bas, alors que nous sommes dans le marché unique. Ce n’est pas seulement lié au problème du coût de la main-d’œuvre, comme cela est souvent évoqué. Regardez les Pays-Bas : ils sont toujours en deuxième position après les États-Unis, et leur coût de main-d’œuvre est plus élevé qu’en France. La baisse de compétitivité des fermes françaises s’accompagne d’une baisse drastique des revenus des agriculteurs : certains sont dans des situations économiques catastrophiques.

Le cercle vicieux des subventions

Pour un euro de subvention, un agriculteur obtient en moyenne un euro de revenu. Ce sont des moyennes, cette situation cache de grandes disparités. Mais les subventions maintiennent des structures qui ne sont pas compétitives. Elles induisent énormément de coûts administratifs et de contrôles improductifs. Elles permettent à l’État d’orienter les modèles agricoles et de se substituer au consommateur. Dans les années 1980, la Nouvelle-Zélande soutenait davantage son agriculture que l’Europe aujourd’hui. Elle s’est ouverte aux marchés internationaux et a supprimé les subventions. C’est un des pays les plus compétitifs du monde. Face aux effets pervers des aides, il faut rétablir les signaux de marché, libérer le pouvoir d’achat du contribuable et laisser les exploitations les plus compétitives innover.

Introduire de la légitimité par la concurrence

Dans le milieu agricole, on compte près d’un fonctionnaire pour vingt exploitations. Prenons l’exemple des chambres d’agriculture. La Cour des comptes a récemment épinglé leurs dépenses de personnel. Le nombre de salariés dans les chambres stagne, voire augmente, alors que le nombre d’exploitants diminue. Il est difficile de savoir si elles sont utiles, car elles ne sont pas en concurrence. Pourquoi ne pas permettre aux agriculteurs de financer directement les services qu’ils souhaitent ? Les chambres d’agriculture et toutes les activités de conseils devraient être privatisées et mises en concurrence avec des cabinets privés.

Mettre fin au dogme de la petite exploitation familiale

Il est urgent d’engager une réforme du monde agricole, pour redonner le droit aux paysans d’être de véritables entrepreneurs. Vouloir privilégier les petites exploitations familiales mène à la catastrophe l’ensemble des agriculteurs du pays. Tout est fait pour limiter la concurrence et les gains de productivité. Plus la libération du joug administratif sera retardée, plus l’adaptation sera violente. Les agriculteurs français disposent des terres, du climat et des talents pour répondre aux attentes des consommateurs et pour relever les défis de notre époque. Laissons-les révolutionner l’agriculture de demain.

Propos recueillis par Marie Salset

(1) Institut de recherches économiques et fiscales. Le rapport de Laurent Pahpy est disponible sur le site de l’Iref : fr.irefeurope.org/4782

(1) Institut de recherches économiques et fiscales. Le rapport de Laurent Pahpy est disponible sur le site de l’Iref : fr.irefeurope.org/4782

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